La Commission d’enquête indépendante sur les violences sexuelles et physiques à Notre-Dame-de-Bétharram, régulièrement saisie par des victimes de tous les collectifs à propos d’ouvrages, de publications ou de messages considérés comme insultants ou blessants, souhaite rappeler publiquement les principes qui guident son action.
Indépendance et neutralité
La Commission réaffirme sa totale et complète indépendance. À ce titre, elle ne saurait intervenir dans les débats publics ou les controverses suscitées par les écrits ou propos des collectifs de victimes ou de leurs membres.
Elle laisse donc l’entière responsabilité de leurs propos à leurs auteurs, y compris lorsque ces publications évoquent la Commission elle-même ou certains de ses membres.
Cette position, déjà adoptée par le passé, demeure inchangée : la Commission entend préserver sa neutralité et refuse toute instrumentalisation. Elle constate avec regret que certains messages qui lui sont adressés visent à mettre en cause son impartialité et peuvent être interprétés comme des tentatives de pression. Elle n’entend pas répondre à ces messages ou ces mises en cause. Seule la mobilise la recherche de la vérité et de la justice.
Dialogue et écoute des victimes
La Commission rappelle qu’elle demeure pleinement disponible pour toutes les victimes souhaitant témoigner, échanger ou solliciter une aide en cas d’urgence.
Certains collectifs de victimes ont fait le choix de coopérer avec la Commission ; ils sont régulièrement invités aux réunions qu’elle organise, où ils disposent d’une totale liberté pour présenter leurs propositions et leurs requêtes.
D’autres collectifs ont préféré ne pas participer à ces échanges. Ce choix leur appartient pleinement. Cependant, la Commission tient à réaffirmer qu’elle leur reste ouverte à tout moment et qu’elle est également à l’écoute et à la disposition de leurs membres.
La Commission organise à cette fin des réunions ouvertes à toutes les personnes victimes. En janvier, elle tiendra également une journée d’échanges et de travail à Pau, ouverte à toutes les 2
personnes victimes et qui leur sera réservée. Cette dernière aura pour objectif de coconstruire, avec la Commission, la politique globale de réparation et de poursuivre ensemble le travail d’écoute, de reconnaissance et de reconstruction.
Appel à la modération et à la responsabilité
La Commission constate avec préoccupation que les tensions et les polémiques entre victimes tendent à se développer et à prendre des formes aiguës : insultes, menaces de plainte en diffamation, signalements auprès des autorités visant à engager la responsabilité pénale de certaines personnes. Elle déplore également les messages accusant certaines personnes de mensonges, déniant leur qualité de victimes ou dénigrant leurs réactions ou les conséquences des violences sur leur vie.
Cette escalade verbale et symbolique dépasse le niveau déjà dommageable que l’on peut rencontrer dans ce type de situation. Ces affrontements ajoutent un nouveau traumatisme à ceux, profonds, nés des violences subies, de leur déni et de leur impunité.
La réouverture de la parole, indispensable au chemin de vérité et de reconnaissance, constitue toujours un moment d’une extrême vulnérabilité pour les victimes. Elle ravive des douleurs profondes et expose à des risques psychiques majeurs. C’est pourquoi elle doit impérativement s’inscrire dans un climat apaisé, respectueux et être accompagnée par des professionnels compétents, indépendants et neutres, à même de garantir que cette parole puisse être entendue sans causer de nouveaux dommages.
La Commission réaffirme avec force que chaque personne victime de violences a droit au respect, à la sécurité, à la confidentialité et à la non-discrimination et doit recevoir des soins appropriés et un accompagnement de nature à favoriser sa reconstruction, dans le respect de son consentement et de sa dignité. Un cadre adapté et protecteur, y compris pour entourer la libération de la parole, est essentiel pour prévenir la retraumatisation.
Dans cet esprit, la Commission appelle à la modération et au respect dans les échanges et les prises de parole. Les débats nécessaires et légitimes ne peuvent se mener au détriment de celles et ceux qui ont déjà trop souffert.
Dans le cadre de ses activités, la Commission fait et fera toujours respecter ces principes.
